L’agonie

Publié le par constant abaa

Par Florent ABAA

En son temps, Anatole France, célèbre érudit français, s’était attelé à comprendre l’essentiel de la vie de l’homme sur Terre. Dans son livre Histoire contemporaine, devenu un classique, il condensa, pour le compte du Roi, qui immobilisé dans son lit de mort avec à son chevet une tonne de bouquins, l’histoire des hommes en trois mots clés : naitre-grandir-mourir.

Les gourous du marketing analysent le produit suivant un cycle de vie qui obéit à quatre étapes, à savoir : le lancement, la croissance, la maturité et le déclin. Chaque étape est ponctuée par des actions marketing et de communication, qui stimulent la demande et développent la crédibilité. Un produit, pour performant qu’il soit, est soumis à observer la baisse de son chiffre d’affaires, quelles que soient les stratégies mises en œuvre, et, à terme, appelé soit à se réinventer, soit à céder la place à un nouveau produit, aux caractéristiques distinctives.

Tout autant que le pouvoir, l’homme politique est un produit au sens mercatique du terme, dans la mesure où il implique un suivi minutieux durant ses années de règne. Dès la prise de fonctions, le dirigeant politique se doit de commencer à penser et préparer son alternance. Autrement, en phase de déclin, les couacs s’accumuleront et exploseront au grand jour, au vu et au su de tous.

C’est l’éloquent témoignage du chef de l’Etat, Paul Biya, puisqu’il s’agit bel et bien de lui, qui enregistre, son système avec lui, d’insolents dribles à répétition entre les deux jambes. A preuve : des sorties infernales, menées par ses sbires lourdement armés, hypnotisent la ville des heures durant, allant jusqu’à interdire aux piétons de marcher sur le trottoir et de lorgner la route, même d’un coup d’œil évanescent.

En l’espace de deux semaines seulement, le Cameroun a cristallisé toutes les attentions de la mappemonde, notamment du fait de son lot de péripéties tristement consécutives: deux crises à la forme des faits divers se sont propagé comme une drainée de poussière. En premier lieu, l’effondrement de la tribune présidentielle du stade Omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, qui a emporté un ouvrier et provoqué de nombreux blessés. Dans un second temps, la panne sèche du véhicule du président de la république, place Boulevard du 20 mai, qui pourrait s’inscrire dans le registre du canular, voire de l’intox. Seulement, au fond, cela est une information vraie et vérifiable. Ses sous-fifres, nombreux et musclés, poussèrent la voiture, suant à grosse goutte, sur une centaine de mètres, jusqu’à son démarrage, une trentaine de minutes plus tard.

Des signes concordants et cohérents présagent sans détour la fin d’un temps, mieux d’un régime. Mais le système, en tout honneur, ne cesse de s’accrocher aux affaires, de se défendre coûte que coûte, tout en écrasant la moindre entrave sur sa voie de l’émergence. En dépit du raccommodage des béantes fissures, les égouts continuent de suinter, et les eaux usées s’échappent des tuyaux de conduits souterrains. Exactement tel le silure dans de l’eau, tenu par l’arrière, qui se glisse délicatement entre les mains. Des frasques, qui de fil en aiguille, symbolisent l’agonie, qui se muera, à coup sûr, en un vent tumultueux. Un courant d’air scabreux qui emportera dans son périple l’ensemble de la chaine : le commandant de bord et ses lieutenants.

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